Tout ce que vous devez savoir sur le cancer de la prostate

Le Cancer de la Prostate > Le risque de surdiagnostic et de surtraitement

Une situation controversée

Le cancer de la prostate est le second cancer le plus fréquent chez l’homme. En Europe, en 2022, 400 000 hommes vont développer un cancer de la prostate tandis qu’aux Etats-Unis, un peu moins de la moitié de cette population se sont vus diagnostiqués un cancer de la prostate. Cependant, cette maladie ne représente une menace sérieuse que pour une minorité de ces patients. La vaste majorité des patients ne présentent pas de risque de mourir de leur cancer de la prostate ce qui explique pourquoi les scientifiques mènent un débat acharné concernant la pertinence du dépistage du cancer de la prostate et même le simple fait de pouvoir le diagnostiquer. Les 2 principales études menées sur le dépistage du cancer de la prostate ERSPC (européenne) et PLCO (américaine) ont apporté des résultats contradictoires. En 2013 une réévaluation statistique de ces résultats montrait un impact très faible voire inexistant du dépistage sur la mortalité par cancer de la prostate [1, 2].

Un débat permanent

En 2010, le Pr R. Ablin, inventeur du test PSA dans les années 80, a publié, dans le New-York Times, l’article “The Great Prostate Mistake” (La Grande Erreur Prostatique) dans lequel il exprimait ses regrets pour cette invention. Il écrit : ”Je n’ai jamais pensé que ma découverte, il y a 40 ans, allait engendrer un tel désastre sanitaire motivé par le profit. La communauté médicale doit se confronter à la réalité et arrêter l’utilisation inappropriée du dépistage par le PSA. Ainsi cela permettrait des milliards de dollars d’économie et éviterait à des millions d’hommes des traitements inutiles et handicapants”. Cette opinion est très proche du “Primum non nocere (En premier lieu ne pas nuire) d’Hippocrate (image 12). D’autres voix militent également fortement contre certaines prises en charge radicales du cancer de la prostate. En France, l’association “Touche pas à ma prostate” ne voit pas l’intérêt de diagnostiquer une maladie qui tue si peu. En effet moins de 5 patients atteints d’un cancer de la prostate sur 100 mourront de leur maladie.

Image 12 : Une réflexion judicieuse d’Hippocrate

La réalité du surtraitement

Malheureusement le surtraitement du cancer de la prostate est une réalité planétaire. Dans un article très intéressant, publié, en 2013, dans la revue JAMA par le San Francisco VA Medical Center et University of California sur une population de 300 000 hommes, l’étude montrait que 75% des hommes de 85 ans et plus, ayant eu un diagnostic de cancer de la prostate, avait été traités quelque soit l’agressivité de la maladie ou l’état général de ces patients [4]. Bien que chaque homme soit en droit de savoir s’il est atteint ou non d’un cancer de la prostate, cela ne devrait jamais générer de telles situations. Plus que jamais des stratégies thérapeutiques moins agressives semblent nécessaires.

Une approche équilibrée

Par ailleurs, le nombre de décès liés au cancer de la prostate, en Europe et aux Etats-Unis, a été, en 2020, respectivement de 78 800 et 33 000 morts, ce qui représente à peu près 10% des décès liés à l’ensemble des cancers [5, 6]. Dans les 20 prochaines années, ce taux va augmenter de 60 à 100% [6]. De surcroît, même si la majorité des patients atteints d’un cancer de la prostate n’en mourront pas, pour une proportion non négligeable d’entre eux, la maladie progressera. Cette situation générera une altération de leur état de santé et/ou leur qualité de vie pendant de nombreuses années sachant que le cancer de la prostate est de plus en plus considéré comme une maladie chronique. A son stade précoce le cancer de la prostate étant très majoritairement asymptomatique, l’attitude juste est probablement de permettre à chaque homme qui le souhaite d’avoir accès à un dépistage individuel par le biais d’un dosage du PSA et d’un toucher rectal. Dans le cas d’un risque potentiel de cancer de la prostate, le bilan diagnostique doit être le plus précis possible puisqu’il est la pierre angulaire d’une prise en charge optimale de la maladie. La différence entre un centre standard et une institution experte ne repose pas tant sur la manière de traiter le cancer de la prostate mais plus de celle de le diagnostiquer de manière optimale permettant au patient de choisir le traitement qui lui correspond le mieux.

Epidémiologie

L’incidence est le nombre de nouveaux par an dans une population donnée. Selon Globoscan 2018, le cancer de la prostate est le deuxième cancer chez l’homme (après le cancer du poumon)

Les Outils Diagnostiques

Pendant des décennies, le diagnostic du cancer de la prostate était basé sur une triade clinique par le toucher rectal (TR), biologique par le test PSA et radiologique par l’échographie transrectal (ETR).

Les Scenarii Cliniques

En termes d’agressivité et d’étendue du cancer, le paramètre le plus important est le résultat des biopsies puisqu’il dicte le pronostic de la maladie.