Traitements Optionnels

Cryothérapie

La cryothérapie est une technique utilisant un froid extrême à base d’azote ou d’argon liquide dans le but de détruire le tissu cible. Mettant en application l’effet Joule-Thompson, du gaz argon à haute pression diffuse à travers l’aiguille introduite dans la prostate (cryosonde) (image 65) qui, en s’expandant à sa pointe, génère une température extrêmement basse constituant progressivement une sphère glacée (image 66). La cryothérapie a 3 effets principaux : 1) formation de glace intracellulaire dénaturant les protéines, 2) formation de glace extracellulaire et 3) ischémie des tissus cibles (image 67). La combinaison de ces 3 effets entraîne une nécrose tissulaire. La cryothérapie a de nombreuses applications médicales de l’effet antalgique (sport) aux spasmes musculaires en passant par la cancérologie ou la maladie de Parkinson.

Image 65 : L’effet Joule-Thomson

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Image 66 : Production de sphère glacée à la pointe de la cryosondes

Image 67 : Effet biologique sur les cellules et le tissu cible de la cryothérapie

Technique

Sous anesthésie générale, des cryosondes sont mises en place dans la prostate à travers le périnée, sous contrôle échoguidé. Une fois les aiguilles en place, le protocole d’ablation peut commencer. Il consiste en 2 cycles consécutifs de 10 minutes de gel/10 minutes de dégel chacun pour une ablation sur une durée totale de 40 minutes (image 68). La procédure dans son ensemble se déroule sous surveillance en temps réel du processus de refroidissement. L’objectif est d’atteindre, dans la zone cible, la température de -40°C pour garantir la destruction du cancer et supérieur à 0°C, dans les zones environnantes contenant des structures sensibles, afin de les préserver au mieux. Afin d’éviter les complications, des sondes urinaire et rectale chauffantes sont nécessaires. Le succès du traitement dépend de la capacité à atteindre la température nécessaire la plus basse, de la durée de période de gel suffisante, du nombre de cycles gel/dégel et du taux de dégel. En termes de tolérance/efficacité de l’intervention la frontière floue froid/chaud entre, d’une part, les cryosondes et, d’autre part, les systèmes de réchauffement urétral/rectal représentent une des limites techniques de cette thérapie focale du cancer de la prostate localisé.

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Image 68 : Coupe sagittale d’une procédure de cryothérapie avec sphères glacées intraprostatiques

Indications/Recommandations

Comme pour l’HIFU, les indications de cryothérapie dans le cancer de la prostate sont principalement les patients à bas risque et risque intermédiaire, mais également certains patients à haut risque bien sélectionnés (voir “Les 3 Différents Scenarii Cliniques”). Ces patients peuvent être traités focalement ou de manière radicale. Cette technique est proposée à des patients naïfs de tout traitement prostatique ou en cas d’échec de radiothérapie ou encore d’HIFU.

Résultats

Une des études les mieux conduites récemment, sur la cryothérapie, a évalué une population de 122 patients principalement de risque intermédiaire (89%) et de bas risque (10%). Après 3 ans de suivi, 10% des patients nécessitaient un traitement radical, aucun ne portait de protection pour incontinence urinaire et 84% de ceux qui avaient des érections avant cryothérapie les ont conservés. Cette étude intéressante ne présentait pas les résultats de l’efficacité de la cryothérapie sur la destruction du cancer [33]. Dans le registre COLD, publié par J. Ward, en 2011, sur une population de 1160 patients dont seulement 14% ont eu une biopsie de contrôle 6 mois après la cryothérapie, 74% présentaient des biopsies négatives [34].