Traitements Optionnels

Le concept par la preuve

Le cancer de la prostate est une maladie multifocale dans 80% des cas ce qui signifie la présence de plusieurs lésions au sein de la glande prostatique (image 52). Dans ces situations de multifocalité, différentes études ont montré l’existence d’une lésion principale dite index (image 53). Ces mêmes études ont montré que la maladie métastatique diffusait à partir d’un clone cellulaire se trouvant précisément dans cette lésion index (image 54) [20, 21]. La lésion index est la plus importante en volume représentant 80% du volume tumoral total et responsable du franchissement de la capsule par le cancer (extension extra-capsulaire) dans près de 90% des cas [22]. La lésion index est la lésion la plus agressive avec le score ISUP le plus élevé dictant, de ce fait, le pronostic de la maladie. La destruction de la lésion index seule laisse le plus souvent place à une ou plusieurs lésions secondaires moins agressives et par conséquent un meilleur contrôle du risque d’évolution métastatique. Contrairement aux traitements radicaux, la thérapie focale ne vise pas à éradiquer complètement le cancer mais à faire reculer la maladie de plusieurs années et à prendre le contrôle de son évolution à travers le temps (vidéo 6). Avec les technologies de haute résolution (IRMmp, biopsies ciblées) d’ores et déjà disponibles pour contrôler avec précision la progression de la maladie, il est possible de considérer comme appropriée, au moins pour les cancers à bas risque et de risque intermédiaire favorable, cette prise en charge innovante. Si une lésion initialement secondaire tend à croître, elle peut être suivi par surveillance active et au moment opportun être également détruite par thérapie focale ne laissant derrière elle, de nouveau, que des lésions secondaires totalement sous contrôle. Ce scénario peut être répéter autant de fois que nécessaire avec l’appui de technologies en amélioration constante et donc d’une précision toujours plus accrue.

Image 52 : Cancer de la prostate multifocal avec une lésion plus importante au niveau du lobe droit
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Image 53 : La lesion index est la plus importante en volume et dicte le pronostic de la maladie

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Image 54 : Le point de départ de la dissémination métastatique de la maladie est la lésion index (en noir) tandis que les autres lésions (jaune et verte) jouent un rôle secondaire. Le mécanisme de la dissémination métastatique peut être soit direct ou indirect via une première métastase qui secondairement va disséminer. (source : Liu W. Nat. Med. 2009)

Vidéo 6 : Le Concept de thérapie focale par la preuve sur la base de la lésion index

Le précédent de la néphrectomie partielle

Concernant l’impact de la multifocalité sur le pronostic de la maladie, le précédent du cancer du rein semble intéressant. Lorsque le scanner a été en mesure de localiser avec précision les lésions du cancer du rein, l’idée est venue de ne retirer que la/les lésion(s) visible(s) et le plus souvent uniquement la plus importante (néphrectomie partielle). Les adversaires de cette approche conservatrice ont alors argué que le cancer du rein étant multifocal, une néphrectomie radicale totale s’imposait malgré le risque accru de générer une insuffisance rénale. Vingt plus tard et malgré ces résistances, à présent, 80% de la chirurgie du cancer du rein est conservatrice par le biais de la néphrectomie partielle. Lorsque les lésions font moins de 3 cm, il est même possible de réaliser un traitement mini-invasif par voie percutanée sans chirurgie d’ablation en utilisant une énergie (micro-onde, cryothérapie, électricité) afin de détruire la lésion tumorale (image 55). La prostate se situant à proximité immédiate, à environ un centimètre en arrière de la peau du périnée, elle est d’autant plus facile d’accès. De ce fait, son approche, en thérapie focale, présente un risque amoindri comparée au rein.

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Image 55 : Ablation percutanée sous contrôle scanner d’une tumeur rénale par cryothérapie